Samuel (Sami Bouajila), un journaliste de faits divers, enquête sur le meurtre à l’acide d’une jeune femme. Accompagné de sa fille Ava (Mallory Wanecque), étudiante en journalisme en stage dans la même rédaction, le duo suit la piste d’un groupuscule d’extrême-droite.

Polar original de Peter Dourountzis, Rapaces met en scène les journalistes de « la presse de caniveau », ces hebdos qui affichent à coup de gros titres tapageurs les faits divers les plus sordides. Le Nouveau Détective, puisqu’il s’agit de ce titre centenaire, est donc le cœur battant de cette poignée de journalistes-enquêteurs avec à sa tête « Maman » (Andréa Bescond), la patronne qui attribue les investigations en envoyant les enquêteurs aux quatre coins de la France. Un vieux de la vieille, Christian (Jean-Pierre Darroussin), un jeune en devenir, Aubin (Stefan Crepon) et une célibataire qui aspire à d’autres voies, Solveig (Valérie Donzelli), composent avec Samuel cette petite équipe qui n’hésite pas à enfreindre la loi pour obtenir des témoignages ou des indices.

Si la première partie du film nous immerge dans une rédaction dont l’heure de gloire, à l’heure de la chute des ventes et de la cannibalisation par les réseaux sociaux, est définitivement derrière elle, la seconde partie bascule dans un thriller haletant. En effet, le cinéaste de Vaurien (2020) possède un talent indéniable pour plonger le père et sa fille dans une situation d’angoisse. Une scène dans un restaurant autoroutier et dont l’issue semble inextricable, digne d’un Hitchcock, est déjà anthologique. Le tout dans une mise en scène nerveuse et sur une excellente musique d’Amine Bouhafa.

Rapaces, qui ressemble par certains côtés au film argentin Carancho (Pablo Trapero, 2010) avec Ricardo Darín, est porté de bout en bout par l’excellent Sami Boujila, magnétique et attachant, et dont on apprécie de films en films – Omar m’a tué (Roschdy Zem, 2011) – la finesse du jeu. Ainsi que la très convaincante Mallory Wanecque.

Rapaces de Peter Dourountzis

Ci-dessus: Rapaces à l’affiche de l’UGC Montparnasse à Paris.