Lorsque Cléo (Louise Mauroy-Panzani), 6 ans, est séparée de sa nourrice Gloria (Ilça Moreno), sa jeune vie s’en trouve bouleversée. La petite fille, élevée par sa nounou depuis le décès de sa mère, doit subir un nouveau deuil quand Gloria annonce son retour définitif au Cap-Vert. Un voyage sur l’île natale de cette dernière va permettre un ultime au revoir entre Cléo et Gloria.

La propre histoire de la réalisatrice Marie Amachoukeli, qui a été élevée par sa concierge portugaise durant sa petite enfance, a inspiré le touchant récit de Cléo et Gloria. Non seulement Gloria a pris la place d’une mère absente, mais elle devient elle-même orpheline quand elle apprend la mort de sa mère. Une sorte de sororité s’installe entre elles deux. Là-bas, sur l’île de Santiago, la jeune femme retrouve ses propres enfants Fernanda et César, adolescents confiés à la famille.

Àma Gloria propose d’adopter le point de vue de l’enfant, formidablement interprétée par l’incroyable Louise Mauroy-Panzani. En France puis au Cap-Vert, on suit la petite fille et sa maman de substitution dans leurs quotidiens: à l’école, à la maison puis sur l’île volcanique, dans la famille de Gloria. Entre ces deux territoires, la cinéaste a judicieusement intégré des sublimes plages d’animation, coréalisées par Pierre-Emmanuel Lyet, pour évoquer le passé et l’inconscient de la petite fille. Si Marie Amachoukeli pose un regard attendrissant sur cette relation mère-fille, elle évoque avec pudeur les conditions des ces femmes africaines venues en France et délaissant leurs propres familles. Restés dans l’archipel, les enfants de Gloria ont grandi sans leur mère, partie pour subvenir à leurs besoins.

Une œuvre forte et poignante, un récit sur le deuil et une réflexion sur les exilés, que berce la musique de Fanny Martin et la douce voix de Nilda Fernandez (Mes yeux dans ton regard). Et une petite interprète qu’on est loin d’oublier.