Attendu comme le Messie depuis des mois et reporté en raison de la crise sanitaire, Benedetta arrive enfin sur les écrans, en même temps qu’il est présenté aux festivaliers de la Croisette. Le film de Paul Verhoeven, entouré d’une aura sulfureuse comme il aime savamment l’orchestrer, n’atteint pas les qualités de ses précédents films Black book (2006) et Elle (2016). Pire, il vire au grotesque.

Le nouveau film du réalisateur néerlandais est inspiré d’un fait historique qui s’est déroulé dans l’Italie du XVIIe siècle: entrée au couvent en 1599 à neuf ans, Benedetta Carlini est prise des années plus tard de crises mystiques qui la conduisent à prendre la tête du couvent, en remplacement de l’abbesse (Charlotte Rampling). Habitée par Jésus, Benedetta (Virginie Efira) est également attirée par une jeune novice, Bartolomea (Daphné Patakia). Averti des plaisirs saphiques de la nouvelle mère supérieure et de ses prétendus miracles, le Nonce (Lambert Wilson) débarque dans le village qui abrite le couvent…

Avec ce récit passionnant qui mêle l’intrigue en forme d’enquête et la tentation de la chair de son héroïne, Paul Verhoeven parvient à gâcher le spectacle avec une réalisation kitsch digne d’une série B et une absence de direction d’acteur. Le cinéaste traite son sujet avec la finesse d’un bulldozer, des décors hideux et une mise en scène d’une lourdeur assommante. Même les acteurs, Virginie Efira en tête, manquent de crédibilité, la faute à un jeu outrancier, tout comme les pourtant talentueux Lambert Wilson, Olivier Rabourdin ou Charlotte Rampling. Seules Louise Chevillotte et Daphné Patakia parviennent à convaincre dans Benedetta auquel on préférera sûrement Novices libertines (1980), série B érotique assumée de Bruno Mattei, récemment réédité en version restaurée par Le Chat qui fume