On ne la lui fait pas à Marcus Halmiton (Jeff Bridges): ce Texas Ranger au bord de la retraite voit derrière les récents cambriolages d’agences appartenant à la Texas Midlands Bank un fait divers pas comme les autres. Selon lui, les braqueurs seraient certainement des gars du cru dans ce coin perdu du Texas où le rêve américain n’est plus qu’un lointain souvenir. Malgré un penchant pour la bouteille et un cynisme mordant, le Marshall a vu juste: deux frères (Chris Pine et Ben Foster) ont bel et bien un compte à régler avec la dite-banque…
Entre polar et western, David MacKenzie nous propose un film épatant emprunt d’une réalité texane peu connue: la faillite des petits propriétaires et autres éleveurs au détriment d’entreprises bancaires et pétrolières toujours plus gourmandes. Le deep South et ses cowboys n’est plus ce qu’il était: nos héros évoluent dans des bourgades endettées et parmi des habitants armés jusqu’au dents, prêts à se faire justice soi-même…
« Comancheria », avec ses héros désenchantés et ses grands espaces, est une jolie pépite de ce toujours très inventif cinéma indépendant américain. Le scénario et les dialogues, entre saillies douteuses du Marshall et idéaux de justice, offre un regard nostalgique de l’Amérique profonde.
Qui d’autres que Jeff Bridges pouvait incarner l’exécrable Marcus Hamilton? L’acteur, accent texan à couper au couteau, offre une composition magistrale qui restera certainement dans les anales de sa filmographie. Détestable à la limite du racisme, alcoolique, aigri et fatigué, Marcus Hamilton n’en n’est pas moins attachant: Jeff Bridges est génial.
Autour de lui, des visages dont on ne soupçonnait pas tant de talent: le malin Chris Pine (Tobby), l’excité Ben Foster (Tanner) et le flegmatique Gil Birmingham (l’acolyte d’Hamilton). Dans ces paysages du Nouveau-Mexique, la musique du duo Nick Cave et Warren Ellis (déjà compositeurs du western « The Proposition » en 2005) fait mouche.
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