Dans les beaux quartiers de Paris, Alain (Niels Schneider) tombe sur Fanny (Lou de Laâge), une ancienne camarade du lycée de New-York. Alain lui révèle qu’il était secrètement amoureux d’elle, ce qui déclenche chez la jeune femme une remise en question du couple qu’elle forme avec Jean Fournier (Melvil Poupaud), un riche homme d’affaire. Alors que ce dernier, soupçonneux de la liaison adultérine de sa femme, engage un détective privé pour la suivre, la mère de Fanny (Valérie Lemercier) s’interroge sur le passé mystérieux de son gendre.

Le Woody Allen nouveau est arrivé, comme un cru que l’on fête tous les ans depuis ses premières réalisations à la fin des années 1960. Pour son cinquantième film, le prolifique cinéaste new-yorkais quitte la Big Apple pour Paris, la capitale de l’amour. Woody Allen surfe justement sur le marivaudage qui colle à la peau de la Ville Lumière avec ses intrigues amoureuses – le mari, sa femme et son amant – pour basculer dans un film-enquête à deux voix, celle de Jean parallèlement à celle de sa belle-mère.

Délicieusement suranné avec son image sépia, Coup de chance explore par le biais d’une intrigue sentimentale et policière la bourgeoisie parisienne, strictement cantonnée dans les artères dorées de la rive droite : l’avenue Montaigne, les contre-allées et les jardins des Champs-Élysées ainsi que le cadre du Palais-Royal. Sans oublier les brasseries belle époque, les grands appartements cossus et autre chaumière campagnarde. Look vintage et costumes rétro du couple Fournier détonnent avec la bohème incarnée par Alain, écrivain fauché, bien évidemment installé dans un appartement niché sous les toits de Paris.

Ce parti-pris esthétique plutôt plaisant emmène le spectateur dans un jeu du Cluedo hors-temps que le scénario pantouflard de Woody Allen peine à arriver à la cheville des plus grands films d’intrigues du cinéaste – Meurtre mystérieux à Manhattan (1993), Match point (2005) ou encore Café society (2016) – pour ne citer que ses quelques chefs d’œuvres les plus récents. Les acteurs s’en sortent honorablement, en particulier Valérie Lemercier, la superbe Lou de Laâge – beauté au visage de poupée -, et Melvil Poupaud en mari jaloux qu’on croirait tout droit sorti du tournage de L’Amour et les forêts (Valérie Donzelli, 2023).

Le prétexte d’une liaison extra-conjugale transforme son héroïne, considérée par son mari comme une « femme-trophée », vers la voie de l’émancipation sexuelle. C’est ce dernier aspect, pas assez approfondi par un Woody Allen à la réalisation pataude et aux dialogues peu inspirés, qui aurait pu relever le propos de ce Coup de chance qui reste néanmoins, avec la musique jazzy de Herbie Hancock, un petit divertissement qu’on savoure secrètement comme le plat d’une cuisine d’un ancien temps.