Premier long métrage du réalisateur turc Emin Alper, Derrière la colline est un thriller campagnard palpitant. Au fond d’une vallée idyllique où les feuilles des peupliers et des oliviers bruissent au vent, d’invisibles nomades menacent Faïk, un vieux patriarche qui règne en maître auprès de ses fils et de la famille de Mehmet, son métayer. Non seulement les troupeaux des nomades traversent la propriété de Faïk, mais des coups de feux menacent tout ce petit groupe. La paranoïa grandit, ces étrangers « qui sont pourtant sur ces terres avant l’empire byzantin » nous rappelle Mehmet deviennent la cible évidente de tous les maux…
La caméra d’Emin Alper suit de près chaque membre du clan de ce huis-clos anatolien: où l’on comprend que la vérité n’est peut-être pas cachée derrière les collines rocheuses… Sans musique, le cinéaste primé au festival de Berlin en 2012 livre une œuvre plutôt fine sur une société patriarcale désuète qui méprise ses minorités. Un regard critique sous la forme d’un western (le cinéaste revendique l’héritage de Sergio Leone) qui ne laisse pas indifférent.
Les hommes ne sont pas glorieux dans Derrière la colline: depuis le petit-fils jusqu’au patriarche autoritaire, chacun porte sa lâcheté et ses mensonges. Emin Alper, comme Aragon, pense que la femme est l’avenir de l’homme: en l’occurrence, Meryem – assignée forcément aux tâches ménagères – possède la plus sage des paroles.
Très maîtrisé et pointé d’humour, Derrière la colline rappelle les romans de Robert Merle, où un groupe d’hommes doit lutter pour sa survie.
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