Un film d’animation, sans vulgarité ni violence, qui promeut l’ouverture aux arts et plaide la cause des femmes, ça existe? « Dilili à Paris » est bien l’ovni cinématographique que l’on attendait plus à l’heure des indigestes productions des studios américains… Il y a quelques années, seul Miyazaki et ses acolytes savaient relever le niveau de ce genre majeur qui participe à la construction d’un imaginaire pour les enfants… et leurs parents.

Michel Ocelot nous présente une charmante petite kanake, Dilili, enfermée dans une exposition coloniale à Paris en ce début du XXème siècle. Nullement illettrée, la petite fille s’échappe en compagnie d’un jeune homme. Ce qui devait n’être qu’une simple échappée parisienne se transforme en une quête pour dévoiler les agissements d’un mystérieux ordre, les Mâles-Maîtres. Ces derniers kidnappent des femmes et des jeunes filles, les voilent et les asservissent… Parmi les nombreuses rencontres que la jeune fille va faire, trois grandes femmes vont aider à la résistance: l’actrice Sarah Bernhardt, la révolutionnaire Louise-Michel et la scientifique« polonaise » Marie Curie. Trois grandes figures féminines, trois modèles qui ont construit les femmes d’aujourd’hui.

Le réalisateur propose un écho certain à la place des femmes dans nos sociétés d’aujourd’hui, avec en particulier le regain de l’obscurantisme religieux qui prêche la haine des femmes, des homosexuels, des juifs et de toutes formes de libertés d’expression.

« Dilili à Paris » est une oeuvre militante, joyeuse et éblouissante traversée par des rencontres artistiques en nombre: Rodin, Camille Claudel, Monet, le Douanier Rousseau, Monet, etc. Un véritable catalogue d’artistes du début du XXème siècle. Parfois un peu trop pédagogique, « Dilili à Paris » est néanmoins un ravissement pour l’œil (les superbes dessins et prises de vues), les oreilles (la musique de Gabriel Yared) et l’esprit.