Le « filmeur » Alain Cavalier nous envoie, quelques mois après la série des « Six portraits XL » sortis en 2018, des pages de son journal intime et cinématographique. Le cinéaste, seul avec sa petite caméra numérique, envisage cette fois-ci d’adapter le récit d’Emmanuèle Bernheim « Tout s’est bien passé » (Gallimard, 2013). Ce succès de librairie raconte la fin de vie assistée du père de la romancière et scénariste. Le projet de scénario des deux amis de trente ans prévoit que l’interprétation du père d’Emmanuèle échoira à Alain Cavalier lui-même, le cinéaste se faisant quelques fois brillant et hilarant acteur comme dans « Pater » (2011).

Alors que les séances de travail avec Emmanuèle Berheim débutent, le projet est interrompu en raison d’une tumeur déclarée chez la romancière. En attendant sa guérison, Alain Cavalier nous parle de la vie et de la mort: les courges qu’il filme en état de putréfaction, la mise en scène de statues représentant le Christ et, surtout, les beaux yeux bleus d’Emmanuèle Berheim, rieurs malgré la maladie.

Ni documentaire, ni film de fiction, « Etre vivant et le savoir » est une expérience de cinéma remplie de mysticisme et d’humanité d’un artiste qui, film après film, renouvelle à lui tout seul l’art cinématographique. Un film intense, magnifique et « sacrément » vivant.