Présenté comme un documentaire incontournable en lice pour la cérémonie des Oscar, Honeyland narre le parcours d’Hatidze, une femme vivant dans les montagnes de Macédoine et gagnant sa vie en vendant son miel à la ville. Usée par les rudes conditions de vie et soignant sa vieille mère malade, Hatidze n’en garde pas moins le sourire lorsqu’elle récolte son miel dans des ruches nichées dans des cavités rocheuses ou dans le tronc d’un arbre. Avec ses beaux yeux verts et son visage buriné par le soleil, cette apicultrice des montagnes semble indifférente au XXIe siècle. Seuls quelques avions dans le ciel rappellent le temps présent.
Le fragile équilibre que la femme a réussi à maintenir est d’un seul coup bousculé par l’arrivée d’une bruyante famille turque qui s’installent dans le voisinage. Le silence de la montagne est désormais perturbé par les beuglements, non pas des bovins, mais des éleveurs nomades qui, en outre, s’improvisent apiculteurs. Malgré les précieux conseils que l’apicultrice lui prodigue, l’entêté père de famille passe outre et faillit à son projet.
Le spectateur qui venait voir un film-poème sur « la femme aux abeilles » est totalement pris au piège – comme l’est Hatidze – par cette famille sortie d’on ne sait où et qui, avec une absence totale du fameux bon-sens terrien, multiplie les errements. Seul un enfant pré-adolescent semble plus intelligent que ses deux parents réunis, c’est dire! Ce qui est plus encore plus gênant dans Honeyland, c’est le soupçon que le spectateur peut avoir sur la véracité de certaines scènes qui semblent jouées. Dans le genre documentaire, la rédaction a largement préféré le sublime Marche avec les loups où contemplation rimait avec poésie.
A défaut de nous avoir fait rêvé dans une nature de montagnes et de vieilles pierres et dans la lente fabrication du miel, Honeyland nous confirme que, même au fin fond de la Macédoine, « l’enfer, c’est les autres ».
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