Dans les Alpes, un marcheur infatigable à la voie éraillée sillonne les vallées et les cols: c’est Jean-Michel Bertrand, réalisateur solitaire – ou en équipe ultra réduite – qui observe les meutes de loups dans le Massif des Écrins. L’homme, montagnard, philosophe et poète, se met en tête de suivre le parcours d’un jeune loup qui, à l’arrivée de louveteaux dans le groupe, est chassé de la meute afin d’en assurer la survie. Durant des mois, été comme hiver, Jean-Michel Bertrand marche et traque le jeune loup solitaire en quête d’une femelle pour, à son tour, fonder une meute.
Le récit de Jean-Michel Bertrand, défenseur engagé des loups, remet les pendules à l’heure tant le canidé jouit, depuis les temps les plus anciens, d’une terne réputation. Pourtant, cet animal sauvage qui s’implante de nouveau dans les territoires montagneux ou forestiers de l’Hexagone, s’auto-régule et ne s’attaque qu’aux proies les plus faibles. Comme le remarque le cinéaste, on s’en prend violemment au loup alors que ses attaques sur les troupeaux, réelles, sont si marginales en face de la destruction de la nature par les grands chimistes et certains industriels sans foi ni loi.
Avec ses multiples caméras pour débusquer les meutes, Jean-Michel Bertrand nous propose un conte philosophique ainsi qu’un voyage captivant dans la rugueuse nature des Alpes.
D’une grande beauté, le film de Jean-Michel Bertrand pose la question de notre rapport face à la nature et de notre prise de conscience des espèces sauvages, outre le loup, à protéger tels le lynx ou le Gypaète barbu. Durant 1h30, le spectateur accompagne le réalisateur, contemple la beauté de la nature – cet « infini » pour reprendre le mot du militant – et partage avec lui son attente, et même ses repas, pour le quitter au seuil d’une cabane de bois dans le Jura. On pense au magnifique roman graphique de Jean-Marc Rochette, « Le Loup », un autre amoureux des grands espaces et de la faune.
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