Dans les années 1980, en Toscane. Lorsqu’il est libéré de prison, Arthur (Josh O’Connor) est rattrapé par la bande de pilleurs de tombes avec laquelle il officiait. Le jeune homme britannique possède un don, celui de repérer dans les champs et les forêts les cavités susceptible d’abriter des trésors archéologiques. La rencontre avec Italia (Carol Duarte) lui fera t’il oublier la belle Beniamina (Yile Vianello), son amour perdu?

Etrange et attachante Chimère, réalisé par Alice Rohrwacher, sœur de l’actrice Alba Rohrwacher, qui y tient d’ailleurs un rôle mystérieux. La cinéaste suit une petite bande de tombaroli, contrebandiers archéologiques qui creusent les sépultures d’au moins 2000 ans et y volent les reliques étrusques. Carnavalesque, poétique, un peu foutraque aussi, ce film aux formats 16 et 35 mm, rappelle la comédie italienne des années 1970 et lance même quelques clins d’œil à Fellini Roma (1972).

A l’heure de l’ultra-capitalisme naissant de la fin du XXe siècle, ces anarchistes foulent le Sacré, enterré depuis des siècles, pour un autre Dieu: l’argent. A la tête de la troupe picaresque, un jeune homme égaré et lunaire, Arthur, sourcier muni d’un bâton avec lequel il détecte les trésors. Mélancolique, épris de beauté, ce grand jeune homme ne vit que pour le souvenir de sa bien-aimée, partie dans un au-delà que ni lui ni la mère (Isabella Rossellini) de la défunte n’acceptent.

La Chimère, c’est un monde qui s’écroule à l’image de ces tombeaux profanés, de ce palais italien qui tombe en ruines, de cette vieille dame – interprétée par le mythe Isabella Rossellini – qui perd la tête et les jambes, ou de ces fresques qui disparaissent au contact de l’air. Au bout, il y a l’espoir: ce fil rouge de la robe de Beniamina, ce sourire éclatant de la belle Italia. Morts et vivants, ensemble.