Quel destin tragique que celui d’Anne, reine de Grande-Bretagne et d’Irlande (1665-1714). Celle qui n’eut aucun héritier fut la dernière souveraine des Stuart. Elle suivi les conseils de deux femmes à la cruelle rivalité: Sarah Churchill, duchesse de Marlborough, puis sa cousine Abigail Masham.

Le film du cinéaste grec Yórgos Lánthimos propose une vision ultra-violente sur les années de règne d’Anne d’Angleterre (magistralement interprétée par Olivia Colman) , confrontée à une guerre contre les français. Sous l’emprise de ses deux favorites et écartelée entre les tractations des tories et des whigs, Anne est incapable de décider de la fin de la guerre qui ruine ses sujets. D’autant que son caractère cyclothymique et sa mauvaise santé l’enfoncent dans une dépendance totale de ses deux favorites.

« La Favorite » plonge le spectateur dans les salons et les alcôves du palais où se joue le destin du royaume. Dans cette petite cour, chaque duc ou parlementaire essaie de défendre ses intérêts et, pour cela, s’attire les faveurs des favorites. Le scénario est d’autant plus passionnant qu’il introduit une guerre de pouvoirs entre les deux favorites d’Anne incarnées par les excellentes Rachel Weisz et Emma Stone.

Tout cela aurait pu donner un film subjuguant. Mais la vision de « La Favorite » rend le récit insupportable. Le film est détruit par une mise en scène prétentieuse, bourrée de tics et de dispositifs pour faire croire au génie du cinéaste. L’éclairage à la bougie, les plans en perspective, l’objectif fisheye… N’est pas Stanley Kubrick qui veut.