Marie (Florence Loiret Caille), quadragénaire célibataire, cumule les petits boulots à Briançon pour payer la location de son mobile-home en montagne. Afin d’arrondir ses fins de mois, elle trafique des cigarettes à la frontière franco-italienne. La rencontre avec Souleymane (Saabo Balde), un réfugié en route pour l’Angleterre, va changer sa vie.

Entre la mer Méditerranée et Calais, les montagnes des Alpes sont un des points de passage obligés des populations se rendant en Grande-Bretagne. Cinéaste venu du documentaire, Stéphane Marchetti, dont La Tête froide est le premier film de fiction, aborde son sujet en suivant une femme « qui a toujours fait les mauvais choix » et qui s’engouffre dans le trafic d’êtres humains. L’intelligence du scénario, c’est de faire de ses deux protagonistes, la passeuse et le réfugié, des exploiteurs de vies humaines par opportunisme: s’ils n’envisagent ce trafic terrifiant que de manière temporaire, pour joindre les deux bouts et non pour s’enrichir, ils ont pleinement conscience de leur acte immoral et répréhensible.

Il y a quelques mois sortait Les Survivants (Guillaume Renusson, 2023) qui faisait d’une réfugiée afghane en route dans les Alpes, la cible de violents suprémacistes. Ici, dans son thriller montagnard La Tête froide, Stéphane Marchetti nous immerge, sans moralisme, dans la vie des réfugiés parmi les différents acteurs sur le terrain: migrants, bénévoles, policiers ou simple habitante comme Marie, merveilleusement interprétée par son actrice, la trop rare Florence Loiret Caille, notamment révélée dans Le Chignon d’Olga (Jérôme Bonnell, 2002). Face à elle, deux excellents comédiens, Saabo Balde et Jonathan Couzinié dans le rôle d’Alex, amant de Marie et policier des frontières.

Il est question de choix dans La Tête froide. A l’issue de son ultime voyage sur les routes des cols enneigés, le personnage de Marie prendra le chemin le moins sûr, mais le plus noble: celui de l’humanisme et de l’altruisme. C’est ce qu’il y a de plus fort dans cette œuvre qui traite d’un sujet de société devenu malheureusement une quasi-banalité.