Employé comme agent de sécurité, Richard Jewell (Paul Walter Hauser) n’a pas grand chose pour plaire: choyé par sa maman, ce trentenaire obèse et passionné d’armes à feu ne brille pas par ses fulgurances. Pourtant, dans sa trente-huitième réalisation, le grand Clint Eastwood fait de ce personnage apparemment benêt un homme extraordinaire.

Richard a la psychologie d’un mollusque: il applique le règlement à la lettre. Après avoir été licencié de la police, l’agent de sécurité assure le gardiennage d’un parc durant les Jeux olympiques d’été de 1996 à Atlanta. Découvrant une bombe, il sauve des centaines de vies en mobilisant la police et en éloignant le public. Devenu un héros comme l’Amérique sait les construire, le FBI le soupçonne pourtant d’être le poseur de la bombe, ce que la presse de caniveau dévoile bientôt.

Sous ses airs de Série B aux traits parfois trop appuyés, notamment dans la description du monde journalistique, le film de Clint Eastwood n’est pas dénué d’intérêt. Il brosse le portrait magistral d’un « beauf » américain qui croit dur comme fer aux valeurs de l’Amérique et qui plonge malgré lui dans une descente aux enfers. C’est avec le secours d’un avocat tenace qu’il sera réhabilité quelques mois plus tard.

La révélation du « Cas Richard Jewell » est définitivement l’acteur Paul Walter Hauser, impressionnant dans son rôle de gros bébé à l’homosexualité refoulée. Face à lui, les excellents Sam Rockwell et Kathy Bates sont les complices d’un Richard Jewell seul contre tous.

Ci-dessus: le film de Clint Eastwood à l’affiche du cinéma Bretagne-Rytmann à Montparnasse.