Dans les années 1980, Vanessa (Kim Higelin), collégienne de 14 ans, tombe sous l’emprise d’un écrivain mondain, Gabriel Matzneff (Jean-Paul Rouve). L’auteur, connu dans le milieu germanopratin pour ses écrits pédophiles, fait de l’adolescente sa nouvelle maîtresse, sous le regard impuissant de sa mère (Laetitia Casta).

En 2020, Vanessa Springora, devenue éditrice, sort chez Grasset un livre qui devient rapidement un phénomène de société, Le Consentement. Dans cet écrit, l’auteur dénonce la perversion de Gabriel Matzneff et le silence assourdissant d’une partie de l’intelligentsia française. Aux manettes du scénario avec la réalisatrice Vanessa Filho, le film arrive comme un défi à relever sur les écrans des salles de cinéma. Dans le rôle difficile de l’adolescente, la petite-fille de Jacques Higelin (20 ans) est admirable d’émotion et de troubles face à l’ogre Matzneff, magistralement incarné par un méconnaissable Jean-Paul Rouve. Tel un bonze séducteur adulé des intellectuels, l’acteur, plutôt habitué au registre comique, confirme sa palette de rôles dramatiques, entamée depuis Poupoupidou (Gérald Hustache-Mathieu, 2011). C’est en partie grâce à leur interprétation que Le Consentement tient debout.

Si le film est indispensable de par son sujet, Le Consentement n’évite malheureusement pas l’écueil de l’adaptation. En cause, la platitude d’une mise en scène qui se cherche et qui aurait nettement gagnée à privilégier l’épure, la froideur. Si les face à face entre Vanessa et Matzneff dans la garçonnière de ce dernier sont la meilleure partie du film – incluant les insoutenables scènes de sexes pudiquement filmées -, les séquences avec sa mère ou son petit ami Youri (Jean Chevalier) restent peu crédibles. L’ambiguïté de la mère – Laetitia Casta semble trop saine pour ce rôle – manque cruellement de relief.

On ressort horrifié et glacé par le sujet de ce film, certes inégal mais absolument nécessaire pour s’interroger sur une pédophilie alors acceptée.