Après les excellents Louise-Michel et Mammuth, le rafraîchissant duo Kervern-Delépine fait son retour en force avec Le Grand soir, un nouvel opus toujours aussi absurde et iconoclaste que les précédents. Dans cette charge contre la société de consommation (l’action se situe dans un immense zone commerciale), deux frères, Jean-Pierre et Ben (alias Not), vont chambouler la vie de cet espace standardisé « aux normes » pour reprendre l’expression d’un des protagonistes. Les deux frères et leurs parents, qui travaillent justement dans cette zone commerciale, vont également se révéler.
Certes, foutre le bordel dans un supermarché pour dénoncer un consumériste forcené est un peu facile sur le papier. Mais les moments passés avec Albert Dupontel et Benoît Poelvoorde sont d’une jouissance totale. En plus, lorsque les deux anti-héros ont pour parents Brigitte Fontaine et Areski Belkacem (son mari dans la vie qui est aussi son compositeur attitré), c’est décapant. En parlant du casting, le duo ex-grolandais a trouvé le meilleur des comédiens: Benoît Poelvoorde et Albert Dupontel, tels Don Quichotte et Sancho Panza au pays des supermarchés, ne sont plus à présenter: acteurs comiques qui font des incursions dans le dramatique, ils sont dans Le Grand soir au meilleur de leur forme. Le reste de la troupe vaut le détour: depuis l’irrésistible Bouli Lanners (comédien dans De rouille et d’os et réalisateur du poétique Les Géants) en passant par Gérard Depardieu-Mammuth et Serge Larivière en directeur du Grand Litier, tous ces drôles de zèbre font leur grand carnaval.
Baigné par le punk-rock des Wampas et des chansons de Brigitte Fontaine, les réalisateurs rendent leur hommage aux Buffet Froid de Bertrand Blier et autres folies de Jean-Pierre Mocky. Vous ne regarderez plus les zones commerciales comme avant avec Le Grand soir!
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