Dans une propriété de Louisiane, Narvel Roth (Joel Edgerton) entretient le somptueux jardin de Norma Haverhill (Sigourney Weaver), une riche et charismatique héritière. Homme solitaire et taiseux, Narvel est sollicité par Norma pour enseigner l’art floral auprès de sa petite nièce d’une vingtaine d’années, Maya (Quintessa Swindell).
Paul Schrader, dont le nom est immanquablement lié à Taxi Driver (Martin Scorsese, 1976) et Obsession (Brian De Palma, 1976) dont il a écrit les scenarii, signe avec Master gardener le nouveau récit d’un repenti. Ancien suprémaciste rangé des voitures, Narvel soigne les fleurs de sa maîtresse avec qui il entretient une relation trouble. L’arrivée de sa nièce va évidemment faire replonger l’horticulteur dans son passé et ses pulsions meurtrières.
Il y a une montée graduelle et attendue de l’intrigue de Master gardener dont on sent que l’ultra-maîtrise du protagoniste va petit à petit exploser à cause d’un petit grain de sable – la belle Maya – qui s’immisce brutalement dans sa vie. C’est bien la qualité de la mise en scène fluide de Paul Schrader, la bande son synthétique de Devonté Hynes et le jeu des comédiens qui font de ce film – qui assume ses plages fantastique et son côté série B – une œuvre tout à fait plaisante dont le final est aussi inattendu que la prévisibilité du scénario. Avec son corps bardé de tatouages nazis, sa coupe de cheveux au ras et ses combinaisons sombres, l’excellent et impassible Joel Edgerton dans le rôle de Narvel manie avec dextérité le sécateur comme le flingue, tout en philosophant sur le pouvoir régénérateur des fleurs.
Un film sombre et jouissif à la fois.
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