Tout le monde connaît Claude Lanzmann, l’ancien combattant, le cinéaste et le journaliste qui a accouché de l’une des œuvres les plus fortes traitant de l’Holocauste: « Shoah ». Ce documentaire de près de dix heures, sorti en salles en 1985, a la particularité de ne montrer aucune images d’archives des camps de concentration nazis et de laisser la seule parole aux survivants. D’autres  films documentaires, faits pour la plupart de rushs de « Shoah » , complètent l’oeuvre d’un homme engagé et intransigeant.

Aujourd’hui, à 91 ans, Claude Lanzmann sort ce nouveau film « Napalm » qui, une fois n’est pas coutume, n’a pas de rapport avec l’Holocauste. Le cinéaste revient en effet sur un fait de jeunesse. Alors qu’il était membre d’une délégation française invitée en 1958 par Kim Il-sung, leader stalinien de la Corée du Nord, le jeune sympathisant communiste s’éprend follement de son infirmière, la belle Kim Kun Sun. Le film lui est d’ailleurs dédié ainsi qu’au fils prématurément disparu de Claude Lanzmann.

Dans une première partie filmée dans la capitale nord-coréenne Pyongyang et qui suit le retour de Claude Lanzmann dans le pays qui l’a accueilli soixante-ans plus tôt, la seconde partie du film n’est en fait que le récit de sa rencontre amoureuse, un sujet qui avait déjà été relaté dans son magnifique livre « Le Lièvre de Patagonie » (Gallimard, 2009).

Conteur hors pair, Claude Lanzmann captive son spectateur sur cette liaison interdite avec l’infirmière de l’hôpital de la Croix Rouge coréenne. L’homme est passionnant lorsqu’il raconte la guerre de Corée et la reconstruction du pays. Il est aussi irritant lorsqu’il s’attarde trop longuement sur sa liaison, passionnante néanmoins. On retiendra de « Napalm », outre sa brève liaison avec la « camarade » Kim Kun Sun, un pays qui a subi des pertes colossales lors de la guerre de Corée et qui vit aujourd’hui en vase clos.  Un pays, on  l’oublie trop souvent, où une population de femmes et d’hommes aspirent à vivre en paix, malgré les provocations d’un dictateur envers « l’ennemi américain ».