Ils ont pour noms de totem « Pingouin » et « Goéland » et pourtant ils ne sont pas chefs scouts. Eux, ce sont Yvonne et Roger Hagnauer, un couple de pédagogues militants et résistants qui ouvre au début des années 1940 la Maison des Enfants à Sèvres. Au départ destinée à accueillir les enfants victimes des restrictions alimentaires, la grande bâtisse cache bientôt des petits juifs ainsi que des résistants qui intègrent le corps enseignant. Le tout sous l’égide du Secours National contrôlé par le gouvernement de Vichy…

Cette histoire extraordinaire et peu connue est présentée par le cinéaste Michel Leclerc, ovationné avec Le Nom des gens en 2011, par la voie de l’intime puisque sa propre mère, orpheline ayant perdu ses parents à Auschwitz, a vécu quinze années de son enfance auprès de « Pingouin » et « Goéland » et en compagnie d’une bande d’enfants, à jamais liés. Quelques dizaines d’années plus tard, la mère de Michel Leclerc et ses amies racontent – quand elles le peuvent tant la douleur est encore vive – leurs vies d’orphelines et d’adolescentes dans la Maison de Sèvres.

Poignant, entrecoupé de dessins du talentueux Sébastien Laudenbach, Pingouin & Goéland et leurs 500 petits n’est pas qu’un simple documentaire sur l’histoire de ces Justes mais une réflexion universelle sur le Devoir ainsi qu’un point de vue personnel sur l’identité juive. Et l’identité tout court, à l’heure où le débat est saturé de grossièretés.

« Pingouin » et « Goéland », des mensch assurément. Et un film magnifique.

Pingouin & Goéland et leurs 500 petits de Michel Leclerc.