Il n’y a pas que dans la mode et le design que le vintage a la cote! Dans la lignée d’une « Amélie Poulain » ou autres « Choristes », « Populaire », s’annonçant comme le succès surprise de cette fin d’année, surfe délicieusement dans cette période d’après-guerre qu’est la fin des années 1950.
A Lisieux, Louis Echard, un agent d’assurance (Romain Duris) embauche Rose Pamphyle (Déborah François), une naïve secrétaire venu d’un petit village normand qui rêve de s’émanciper. Toutes les femmes rêvent d’être secrétaire, summum de la modernité. Louis engage davantage sa charmante dactylographe davantage pour sa vitesse d’exécution sur la machine à écrire que pour ses réelles compétences professionnelles. Un concours régional se profile et pourrait bien être remporté par Rose et son coach de patron, ancien sportif dont elle est (bien sûr) secrètement amoureuse.
Sur le papier, « Populaire » ne casse pas des briques: le scénario, parfaitement ficelé au demeurant et largement calibré pour plaire à toute la famille, est d’une totale prévisibilité. Son ancrage dans un environnement suranné et bon-enfant Forcément, la pétillante secrétaire va percer le cœur de son insensible patron et forcément le concours régional, puis national, rapprochera étroitement nos deux jeunes provinciaux à la conquête du monde. La province française combattante et fière contre une capitale méprisante et perfide… On s’étrangle presque. Et pourtant…
Le réalisateur Régis Roinsard, dont c’est le premier film, a parfaitement maîtrisé son film, décomplexé et sans ambivalence. Avec « Populaire », on est dans un conte de fées totalement assumé, un peu kitsch certes mais savoureux. On n’est pas chez François Ozon qui se moque de ses personnages (« Potiche« ), ni dans « Les Femmes du 6ème étage » qui pointait d’un doigt comique le fossé entre les classes sociales des protagonistes.
Le début du film peine à décoller, Romain Duris étant assez coincé et engoncé dans son personnage (ou bien est-ce le spectateur qui n’arrive pas à voir le héros de « De Battre mon cœur s’est arrêté » dans ce costume?). Rapidement, on se laisse prendre au jeu de cette historiette romantique, un peu tarte, pas crédible pour un sou mais baigné par un joyeux optimisme ancré dans un monde quasi-préhistorique. Et pourquoi pas?
Des séquences mémorables, telles les finales de concours imaginées comme des tournois de boxe, et une réalisation dynamique prouvent que le film de Régis Roinsard est plus malin qu’il en a l’air. Cerise sur ce gâteau à la crème nostalgique: Déborah François. L’actrice révélée chez les frères Dardenne remplit « Populaire » de fraîcheur par sa jolie beauté laiteuse.
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