A la veille de Noël, de retour dans son village natal de Transylvanie, Matthias (Marin Grigore) revoit son ex-femme et leur jeune fils, Rudi. Homme taiseux et rustre qui travaillait dans un abattoir en Allemagne, Matthias renoue avec Csilla (Judith State), son ancienne petite amie à la tête avec Mrs. Dénes (Orsolya Moldován) de l’usine locale de boulangerie industrielle. Lorsque les deux femmes embauchent des travailleurs srilankais, les tensions dans la communauté multiethnique de ce petit coin de Roumanie ressortent violement.
Après 4 mois, 3 semaines, 2 jours (2007) et Baccalauréat (2016), le réalisateur multi-primé Cristian Mungiu revient avec une œuvre puissante, injustement absente au palmarès du dernier Festival de Cannes. En plus d’un fil narratif passionnant et une sublime réflexion sur l’individualisme et le collectif, le rejet de l’autre et la solidarité, R.M.N. est une fable sur la fragile coexistence des membres d’une communauté au sein d’un même village: l’Europe.
Dans un style épuré fait de plans séquences, dans le froid décor hivernal du bourg de Rimetea, Cristian Mungiu suit la vie de quelques protagonistes de cette communauté villageoise où coexistent plusieurs ethnies. Cette région, échantillon de l’hétérogénéité du Vieux Continent, est coincée entre la Roumanie et l’ancien Empire Austro-Hongrois.
Jusqu’à l’arrivée des étrangers srilankais et au départ forcé des Roms, un semblant de paix était jusque-là établi entre les Roumains, les Hongrois et les Allemands. L’intégration dans l’Europe, mal vécue par les villageois, puis l’arrivée d’étrangers venus du bout du monde semble déclencher les tensions larvées, les frustrations et les rancœurs.
Peintre d’une Europe en construction, qui se cherche continuellement, Cristian Mungiu parle également de notre condition d’Homme où les exilés du monde sont rejetés. Malgré un sombre tableau, le cinéaste porte un espoir sur les femmes, révolutionnaires d’un monde toujours plus intolérant.
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