Quittant sa colocation en ville, Salomé (Salomé Richard), une étudiante en ébénisterie, part dans les montagnes provençales pour assurer le gardiennage de la déchetterie locale pendant les mois d’été. La jeune femme connaît bien la région, notamment le proche village de Puimoisson,  puisqu’elle l’a quitté voilà dix ans. Ses souvenirs de jeunesse remontent à la surface lorsqu’elle rencontre le ténébreux Clément (Yoann Zimmer), le frère de son ancien petit ami. Durant cette parenthèse estivale qui sert aussi de prétexte à faire un point sur sa vie, Salomé croise le chemin de la fantasque Jess ainsi que celui d’un cycliste dépressif.

Il y a plus de dix ans, le cinéaste Alain Raoust filmait déjà un no man’s land dans « L’Eté indien » (2007), où une jeune femme interprétée par Déborah François retrouvait son père dans une station de ski déserte, en pleine période hors saison. Dans « Rêves de jeunesse », c’est dans une déchetterie que le réalisateur pose sa caméra pour y filmer une jeunesse peu abordée au cinéma, les jeunes adultes qui font le choix de rester vivre dans leurs villages ou dans leur région.

Cette jeunesse désillusionnée, le cinéaste la suit et l’admire dans son film qui hésite parfois entre chronique nostalgique et comédie. Il y a notamment Clément, un ancien zadiste et frère du défunt Mathis. Il y a le personnage de Jess, une jeune femme sortie d’un jeu télévisé qui, incarnée par l’indéniable talent d’Estelle Meyer, voudrait verser « Rêves de jeunesse » dans le rire, mais en perturbe quelque peu la narration.

Il y a enfin le décor, la déchetterie au fond d’une vallée, comme pour signifier le lieu où convergent les oubliés de la France d’aujourd’hui, celle du macronisme et du libéralisme galopant.

Dans « Rêves de jeunesse » des moments de grâce pointent ainsi que de beaux silences et une douce mélancolie, magnifiée par l’interprète principale Salomé Richard, s’y dégage. La jeune trentenaire imprègne la pellicule de ses yeux bleus, de sa douceur et de sa détermination. Une belle révélation.