Dans le New-York des années 1920, Nicolas Sacco (Riccardo Cucciolla) et Bartolomeo Vanzetti (Gian Maria Volonte), deux émigrés italiens, sont arrêtés en possession d’armes. Appartenant à un mouvement anarchiste, ils sont accusés d’un hold-up commis quelques jours plus tôt. Convaincus de leur innocence, leur communauté puis des groupe de soutien à travers le monde dénoncent un simulacre de procès mené par les autorités conservatrices de l’époque, où racisme et chasse aux communistes influencent l’opinion.
Ressorti sur le grand écran en version restaurée grâce au distributeur Carlotta, voici un film bien lourdaud, engoncé dans un maniérisme insupportable et qui ne prend jamais le moindre recul sur son sujet. Et c’est bien dommage pour ce film sorti sur les écrans en 1971 et qui, de surcroît, a obtenu le prix d’interprétation masculine, amplement mérité, pour Riccardo Cucciolla dans le rôle de Sacco. Mais deux grands acteurs, dont l’immense Gian Maria Volonte, ne font pas un grand film.
« Sacco et Vanzetti » adopte en effet tous les poncifs du « film engagé »: des héros sans ambiguïté aucune, des personnages d’avocats qui en font des tonnes, une réalisation appuyée et pompeuse, un scénario sans distance aucune et une musique larmoyante écrite par Ennio Morricone et chantée par Joan Baez… Le jugement est sévère, certes, mais comment peut-on cautionner un film qui veut que son spectateur adhère à toux prix à son point de vue? Par exemple, la caméra devient subjective quand il s’agit de revenir dans la mémoire, forcément confuse, des témoins; la partie adverse est forcément raciste et corrompue, quant à la police, on sait qu’elle défenestre (on nous le montre près de quatre fois!) les anarchistes et qu’elle procède à de véritables rafles (filmées en noir et blanc).
Tout cela est forcément trop appuyé et ne laisse aucune chance au spectateur de réfléchir à cette ignoble injustice, qui a vu deux innocents passer sur la chaise électrique, et qui aurait pu donner un grand film sobre et subtil. Reste Gian Maria Volonte, un acteur qui manque au cinéma.
Je trouve en effet cette critique sévère parce qu’elle ne replace pas assez le film dans un contexte, une époque et un esprit: la fin des années 60 (cf. chanson symbolique de J. Baez) et les aspirations à une société plus juste. Sévère aussi parce que c’est passer sous silence l’actualité d’un tel film: le plaidoyer de l’ouvrier italien ou de l’anarchiste ont une portée qui résonne tous les jours si l’on veut bien regarder le sort des immigrés qui ont travaillé pour une France bien peu reconnaissante ou si l’on veut bien entendre de discours critiques sur l’exploitation d’hommes par d’autres.
La dimension psychologique de l’impact de l’injustice sur le personnage de Sacco me semble loin d’être lourdaud, bien au contraire, et même bien vu pour l’époque.
Enfin les traces d’un certain réalisme italien peuvent agacer mais aussi bien amuser et plaire, donnant au film une touche « artisanale » qui colle très bien à son sujet.