Le jour de son cinquantième anniversaire, Elisabeth Sparkle (Demi Moore), vedette de l’émission télévisée d’aérobic « Sparkle your life with Elizabeth » est mise à la porte par son manager, l’imbuvable Harvey (Dennis Quaid). Celle qui fut autrefois une actrice célébrée à Hollywood n’accepte pas d’être remplacée par une tête d’affiche plus jeune. Elisabeth utilise alors les services de The Substance, une mystérieuse organisation qui lui fournit un protocole miracle pour redevenir jeune. C’est alors que naît, durant 7 jours, son double sous les charmants traits de Sue (Margaret Qualley).
Deuxième long métrage de la réalisatrice française Coralie Fargeat, The Substance est revenu de Cannes 2024 avec le Prix du scénario. Le jury aurait pu tout autant lui attribuer celui de la mise en scène tant la jeune cinéaste possède une maîtrise certaine des plans et découpages qui convoquent dans The Substance les grandes signatures du cinéma parmi lesquelles Tod Browning (Freaks, 1932), Brian de Palma (Carrie au bal du diable, 1976), David Lynch (Elephant man, 1979) ou encore Stanley Kubrick (Shining, 1980).
Avec cette comédie horrifique baroque, entièrement tournée en France, Coralie Fargeat façonne un body horror déjanté qui n’oublie pas non plus d’être cérébral. En effet, le culte de la jeunesse que renvoient sans cesse les réseaux sociaux et les images publicitaires, aux femmes en particulier, s’accompagnent de palliatifs utilisés contre le temps qui passe – botox et autres interventions chirurgicales -, finissant par détruire le corps et l’esprit. Comme une injonction qui leur est faite – être jeunes, désirables et souriantes – les actrices sont certainement les premières cibles de ce jeunisme forcené. Certes, la dénonciation est énorme, mais elle marche terriblement dans ce film décomplexé et malin, sorte de docteur Jekyll et M. Hyde gore, où la cohabitation des deux femmes s’avèrent destructrice.
Si Demi Moore se met à nu pour ce rôle étonnant et marquant, Margaret Qualley, révélée dans Drive-Away Dolls (Ethan Coen, 2024), incarne une Sue ambitieuse et monstrueuse à souhait. Images léchés, esthétique tapageuse, séquences outrancières et bande-son éclatante font de The Substance une farce grotesque et géniale.
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