Philip, écrivain américain bientôt sexagénaire, vit une année d’exil à Londres, le temps de trouver l’inspiration pour son prochain livre. Sa jeune maîtresse, dépressive et insatisfaite, lui procure une matière vivante lors de leurs longues discussion après l’amour. Les saisons passent, la liaison adultérine touche à sa fin, Deception – le titre anglais du livre – est publié.
Après son polar social tourné dans le nord de la France, Arnaud Desplechin retrouve Léa Seydoux dans cette adaptation d’un livre de Philip Roth publié en 1990, Tromperie. L’actrice, d’un naturel confondant, est en état de grâce: sourires, larmes et mélancolie la hissent aux sommets de l’hypersensibilité et de la sensualité, déjà atteints avec France (2021). Face à elle, Denis Podalydès, sa voix de stentor et ses sourcils broussailleux, incarne un écrivain obsédé par la mort, avide de désir et intransigeants lorsqu’on parle « des juifs ». Il y a une part de Woody Allen dans ce film virtuose construit avec de savoureux dialogues.
Les femmes sont l’une des grandes obsessions d’un homme accusé de misogynie dans une scène surréaliste au tribunal qui renvoie aux débordements parfois constatés aujourd’hui suite à la nécessaire vague #metoo. Sa femme (Anouk Grinberg), ses anciennes maîtresses (Emmanuelle Devos et Madalina Constantin) et une étudiante à fleur de peau (Rebecca Marder) sont le « métier de vivre » – pour reprendre le beau titre de Cesare Pavese – de l’écrivain.
Dans un état apaisé et presque voluptueux, la mort et le désir n’ont jamais si bien vécu ensemble que dans le film d’Arnaud Desplechin.
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