Il y a un drôle d’arrière goût dans la nouvelle comédie d’Alain Guiraudie, l’iconoclaste auteur du très remarqué et plébiscité L’Inconnu du lac (2013). Pourtant doté d’un humour décalé et inédit dans le paysage de la comédie française – Le Roi de l’évasion (2010) était un sommet du genre -, son nouvel opus ne convainc pas.
A Saint-Etienne, alors que des attentats jihadistes sèment la terreur dans la ville, Médéric (Jean-Charles Clichet), un informaticien vieux garçon, tombe amoureux d’Isadora (Noémie Lvovsky) une prostituée quinquagénaire en couple avec un mari jaloux. En recueillant dans son immeuble un jeune maghrébin sans abri attiré secrètement par le Jihad, Médéric y sème la zizanie.
Vaudeville assumé, Viens je t’emmène mêle le social (le racisme, la start-up nation, etc.), le sexe cru et l’actualité la plus sanglante (les crimes islamistes). En lorgnant du côté de chez Bertrand Blier – l’actrice Farida Rahouadj est d’ailleurs l’égérie et l’épouse du cinéaste des Valseuses – Alain Guiraudie déclenche quelques sourires mais n’atteint pas les chefs d’œuvre du réalisateur.
Si le mauvais goût, bienvenu dans un monde trop lisse et aseptisé, devait être un point commun à Blier et Guiraudie, celui de ce dernier dans Viens je t’emmène frôle le nauséabond en trouvant une explication – qui pourrait être interprétée comme une justification -, aux jeunes engagés dans le Jihad (lors d’une discussion entre Isadora et Médéric).
En nous imposant en plus des scènes poisseuses de sexe, et malgré la présence de Noémie Lvovsky en icône à la Botero, Alain Guiraudie ne nous emmène malheureusement nulle part dans cette comédie ratée.
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