Avant le chef d’œuvre de Fellini, le cinéaste Luigi Comencini avait lui aussi relaté la vie du célèbre libertin. Il n’est pas étonnant d’observer que le cinéaste, avec son thème de prédilection sur l’enfance, se soit penché sur les premières années de Giacomo Casanova. Ou comment Casanova devient Casanova…

Moins éblouissant visuellement que le film de Fellini (1976), le Casanova de Comencini (1969) n’en n’est pas moins dénué d’intérêt. Tout d’abord, Comencini nous plonge dans la société et les mœurs de Venise et de Padoue au XVIIIème siècle: les puissants et les pauvres, le clergé partagé entre la charité et le fricotage avec la bourgeoisie… Et Comencini de nous évoquer également le milieu du théâtre avec en toile de fond la cité vénitienne. A ce propos, Venise n’est qu’un prétexte pour implanter le décor du film: point de vues panoramiques ni de décors flamboyants. On voit la Place Saint-Marc, symbole de la cité, seulement deux fois dans le film, et encore faut-il la deviner: de nuit lorsque l’enfant Casanova cherche son père disparu lors d’une noyade, de jour mais sous une tente lors d’une exposition d’un rhinocéros…

Derrière cette sobriété revendiquée, le Casanova de Comencini n’en n’est pas moins drôle: enfant et jeune adulte, c’est avec ironie et férocité que son regard précoce se pose sur son environnement. Et sur son destin personnel, à savoir choisir entre la prêtrise et la jouissance de la chair. Leonard Whiting (Casanova adulte) n’est pas Donald Sutherland (le Casanova de Fellini), mais l’acteur à la beauté ténébreuse s’en sort plutôt bien.

Un beau film, rafraîchissant et caustique.