L’année de ses 17 ans, Isabelle se mue en Léa. Lycéenne à la découverte de sa sexualité, la jeune femme pousse les portes de l’amour tarifé. Mais le papillon va bientôt finir par s’y brûler quelques ailes…

La prostitution estudiantine, la talentueuse Isabelle Bercot s’y était brillamment illustrée avec son téléfilm « Mes Chères études » dans lequel une jeune femme (Déborah François) s’adonne aux hommes pour subvenir aux coûts de ses études. François Ozon, tout droit sorti du succès de « Dans la maison« , opte pour un angle plus trivial: ici, Isabelle ne se prostitue par besoin mais davantage par curiosité et défi. C’est même « courageux » de sa part de s’adonner à ce « fantasme féminin » comme le lui confirme la femme de Georges (Charlotte Rampling).

François Ozon n’est pas seulement le provocateur du fantasme féminin. Son film est bien plus subtil que les quelques lieux communs vers lesquels il nous dirige. Si Isabelle se prostitue, c’est bien sûr qu’elle recherche un père absent, un réconfort qu’elle va bien finir par trouver dans les bras de Georges (Johan Leysen, excellent). Mais la jeune femme, interprétée sublimement par Marine Vatch, marche sur un fil d’ambiguïté. Isabelle prend un certain plaisir à enfreindre les codes bourgeois d’une famille recomposée menée par une mère déboussolée (Géraldine Pailhas) et un beau-père impuissant (Frédéric Pierrot, savoureux).

« Jeune & jolie » se place dans la lignée des beaux portraits de femmes brossés par le cinéaste tels « Sous le sable », « Angel » et « Le Refuge« . D’ailleurs, Marine Vatch pourrait bien être la petite sœur d’Isabelle Carré enceinte du « Refuge ». Ces femmes sont toutes à un moment charnière de leurs vie: quand l’une découvre la sexualité (Jeune & Jolie), l’une s’illusionne d’émancipation (Angel), l’autre assume une maternité non souhaitée (Le Refuge) tandis que la plus âgée doit faire face à la vie de veuvage dans (Sous le sable).