Robert Ledgard est un brillant chirurgien esthétique qui expérimente de nouvelles peaux depuis que sa propre femme, douze ans auparavant, a péri carbonisée dans un accident de voiture. Il faut désormais rechercher un cobaye pour tester ces nouvelles peaux…

Injustement oublié de la sélection cannoise de 2011 (le cinéaste est-il déjà trop récompensé?), « La piel que habito » est un troublant film hommage aux classiques du film noir: depuis « Frankenstein » jusqu’aux « Yeux sans Visages » de Georges Franju en passant par « Les Vampires » de Feuillade, le cinéaste nous livre une intrigue tirée par les cheveux (adaptée du roman de « Mygale » de Thierry Jonquet) mais terriblement fascinante. Il y est question d’identité sexuelle, de double, d’érotisme bien sûr. Tant de thèmes chers au cinéaste qui a atteint un maturité depuis ses derniers films: fini les extravagances et les films baroques, Almodovar gagne en sobriété et finesse.

Dans le rôle du Dr. Jekkyl / Mr. Hyde, Antonio Banderas qui fait son retour dans un film en langue espagnole: il y est excellent en personnage meurtri et trouble. On retrouve des habitués des films d’Almodovar dont la grande Marisa Paredes et la sublime Elena Anaya (elle jouait déjà dans « Parle avec elle »): gracieuse et touchante, sont personnage est d’un troublant érotisme. On avait déjà été subjugué par la beauté de l’actrice espagnole dans les films français « Mesrine » et « A bout portant ».

Toujours très esthétique et coloré, les décors et costumes sont soignés et parfois rappellent certains films gothiques: la grande maison vide du Docteur, un jardin obscur lors d’un mariage…

Emmené par une partition enivrante mais en rien pompeuse du fidèle et talentueux Alberto Iglesias, un autre thème (qui était dans la bande-annonce du film) vient enchanter nos oreilles: Shades of Marble du groupe électronique Trentemøller.

Allez voir ce film fascinant d’un grand cinéaste au sommet.