Bertrand Saint-Jean, ministre des Transports, est un homme politique de conviction. Fidèlement assisté par son « dircab », Gilles, véritable éminence grise, Saint-Jean va affronter la réalité du terrain et les tractation du pouvoir. Y perdra-t-il son âme?

Le deuxième film du cinéaste Pierre Schoeller était attendu, mais certainement pas dans cet univers-là (le pouvoir des politiques), si éloigné de son précédent opus, « Versailles« , un magnifique film sur les exclus, porté par Guillaume Depardieu. C’est pourtant un film très puissant que Pierre Schoeller nous livre avec « L’Exercice de l’État », qui est présenté comme le deuxième volet d’une trilogie, qui après Versailles, portera sur la Révolution Française. Pierre Schoeller est donc un réalisateur à suivre de très très près! D’autant plus qu’il compose lui-même ses musiques de films… C’est dire le talent de cet homme.

« L’Exercice de l’État » est un film de mouvement dans un univers codé et cruel, les cabinets ministériels, où se font et se défont les ambitions des uns et des autres. Le temps de la politique est un temps accéléré, où chaque action est étudiée au peigne fin, chaque déclaration porteuse de sens. Les SMS en superposition sur l’écran (quelle trouvaille!) nous rappelle l’urgence et le flux d’informations que subissent ces femmes et ces hommes. Le cinéaste nous montre parfaitement les arcanes de la Vème République, qui peut tout autant propulser ses serviteurs que les dévorer. C’est tout le dilemme auquel est confronté Saint-Jean: faire ou ne pas faire une mesure impopulaire, la privatisation des gares SNCF, quitte à perdre son âme.

Outre la toile de fond, fascinante, des ministères, « L’Exercice de l’Etat » réunit un beau duo, inédit, entre Olivier Gourmet (le ministre Saint-Jean) et Michel Blanc (Gilles, son directeur de cabinet, sa conscience). Les deux acteurs sont absolument géniaux et se fondent parfaitement dans la peau de leurs personnages, entourés de Zabou Breitman (la conseillère en communication) et Laurent Stocker.