Le milieu de la publicité a rarement été conté par le cinéma sous un angle politique. C’est le cas avec No, quatrième long-métrage du cinéaste chilien Pablo Larrain, qui a recruté pour ce nouvel opus un acteur exigeant, Gaël Garcia Bernal. Arborant ici la barbe du Che qu’il avait interprété dans Carnets de Voyages, l’acteur de 34 ans est surprenant de maturité. Loin du rôle du révolutionnaire cubain, Gael Garcia Bernal incarne un publicitaire opposé au régime de Pinochet qui adopte les techniques du marketing au service d’une cause plus noble que les biens de consommation: la démocratie.
L’action de No se situe en 1988, lorsque le général et dictateur Pinochet est forcé de montrer à la face du monde un visage démocratique. Il organise alors un référendum qui devra le reconduire – ou pas – à la tête du pays. Le camps du « no », qui regroupe une alliance de partis d’opposition, engage alors René Saavedra (Gael Garcia Bernal), un publicitaire formé aux États-Unis…
Le cinéaste s’est immergé dans les pages de cette histoire passionnante en utilisant un format presque carré en 4:3 qui rappelle les images d’archives mêlées au film. Outre cette forme assez déroutante qui nous plonge à la fin des années 1980, Pablo Larrain pose une trame solide et sobre sur l’ascension d’un basculement politique et historique. Le publicitaire, peu convaincu au début de son aventure, adhère aux idéaux de justice et d’équité d’un pays trop longtemps soumis par son dirigeant. Le film n’est pas dupe: tout n’est pas rose en politique et Saavedra en fera l’apprentissage: compromissions lorsqu’il faut accepter certaines mises en scène pour toucher le cœur des chiliens, désillusions lorsqu’une œuvre collective tend vers l’individualisme dès la victoire…
No est drôle de film, bien ficelé et sans pathos, qui met en scène une opposition joyeuse, « joviale » pour reprendre le concept de René Saavedra, qui n’est pas sans rappeler le récent El Estudiante. Ce dernier traitait aussi d’une autre et passionnante conquête du pouvoir.
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