« Il faut oublier les histoires anciennes » disent souvent les « vieux » qui ont vécu les bonheurs et malheurs d’une longue existence. L’acteur Eric Caravaca revient sur son histoire familiale, celle de ses parents avant sa propre naissance, dans une Algérie tourmentée.
La famille Caravaca est d’origine espagnole et installée sur cette terre d’Afrique du Nord où tout est alors possible. Arrivé à Paris dans les années 1960, le couple s’installe définitivement en France et met au monde deux garçons: Olivier puis Eric.
Mais l’histoire est plus trouble que le roman familial raconté par les parents et les photos sépias de l’album de famille. Une petite sœur avait vu le jour avant la naissance des garçons. Pourquoi est-ce que son prénom n’a t-il jamais été prononcé? Pourquoi est-ce qu’aucun film ni photo ne subsiste? Pourquoi est-ce que les parents s’enferment dans un tel déni lorsque le cadet enquête sur les circonstances du décès prématuré de sa sœur aînée ?
Alors que le réalisateur devient lui-même père, il décide de renouer, avec pudeur et finesse, avec la mémoire familiale. Une mémoire douloureuse que les mots ne peuvent exprimer.
Eric Caravaca signe un film fort et exigeant sur la douleur du deuil: celui d’un enfant et celui d’un couple jusqu’àlors insouciant.
« Carré 35 » est une passionnante réflexion sur le non-dit lorsque le drame familial est trop lourd. Les pages tournées ne le sont jamais définitivement.
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