Comment un amour perdu retrouve son souffle près de cinquante ans plus tard? C’est le défi que Claude Lelouch, pour son quarante-neuvième film, s’est lancé pour imaginer les retrouvailles – poignantes – entre Jean-Louis Duroc (Jean-Louis Trintignant) et Anne Gauthier (Anouk Aimée), les deux personnages de son film de 1966 « Un Homme et une femme ». Certainement impressionné par les deux monstres sacrés du cinéma français, le prolifique cinéaste se révèle assez sobre dans cet opus-là et laisse une belle place aux conversations, tantôt charmantes tantôt douloureuses, entre ses deux protagonistes aujourd’hui presque nonagénaires.

Claude Lelouch mêle habilement la fiction et la réalité, par exemple en retrouvant des images d’Anouk Aimé avec Pierre Barouh, son ancien mari à la ville, celui-là même qui avait écrit et interprété avec Nicole Croisille le fameux « Da ba da ba da, ba da ba da ba ». Ou en proposant un joli moment avec Elena (Monica Bellucci) , la fille de Jean-Louis, dont il a oublié son existence…

On ne connaissait pas le cinéaste des Films 13 habile monteur de ses propres archives: par exemple en superposant son court-métrage « C’était un rendez-vous » (1976), un plan-séquence de plus de huit minutes, où une caméra embarquée dans la Mercedes-Benz 450SEL du cinéaste filme le parcours depuis la porte Dauphine jusqu’à Montmartre, avec des images de son film primé à l’Oscar du meilleur film étranger.

« Les Plus belles années d’une vie » touchera le spectateur cinéphile non pas avec un scénario finalement assez conventionnel mais davantage grâce à la suite, près d’un demi-siècle plus tard, d’une histoire devenue mythique du cinéma mondial.