Le photographe et cinéaste Raymond Depardon a posé sa caméra dans l’enceinte de l’hôpital psychiatrique du Vinatier, à Bron dans la couronne lyonnaise.
Dans cette institution, comme dans tous les établissements psychiatriques de France et depuis la loi du 27 septembre 2013, les patients hospitalisés sans consentement sont présentés à un juge des libertés et de la détention dans les 12 jours suivants leur admission. Ce rendez-vous est renouvelé tous les six mois si cela est nécessaire.
C’est l’occasion pour le cinéaste d’entrer dans l’intimité d’une confrontation entre des patients, trop longtemps considérés comme fous, et la justice.
Ce regard de Raymond Depardon est avant tout un regard humaniste d’un cinéaste qui ne cesse de comprendre le monde, qu’il soit paysan, judiciaire, politique ou bédouin.
Avec ses trois caméras et sa position en retrait constant, Raymond Depardon nous montre des femmes et des hommes détruits, vidés et affectés. Avant d’être des patients contraints aux soins, ce sont des êtres cabossés par la vie – certains ont même un passé criminel.
Le travail des juges et des institutions avec les patients est exemplaire de notre démocratie qui permet de poursuivre le droit, même dans le cas de pathologies grave. Saluons ces femmes et ces hommes qui travaillent pour une société toujours plus juste et humaniste.
Le cinéaste-photographe est un homme du cadre: ses plans et sa mise en scène sont d’une maîtrise totale. La plupart du temps dans la petite salle d’audience, le cinéaste promène sa caméra dans les couloirs ou la cour de l’hôpital.
Jamais voyeur ni manipulateur, il porte un regard humaniste vers celles et ceux que nous pourrions être: des hommes dénués de raison.
Et Raymond Depardon de citer Michel Foucault dans Histoire de la folie à l’âge classique: De l’homme à l’homme vrai, le chemin passe par l’homme fou.
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