Encore célibataire à l’aube de ses trente ans, Hanako (Mugi Kadowaki) désespère sa famille issue d’une grande famille tokyoïte et obsédée par sa descendance. Après plusieurs tentatives avortées, la jeune femme tombe sous le charme de Koishiro (Kengo Kora), le fils d’une riche famille d’industriels et de politiciens. Hanako découvre bientôt la relation secrète qu’entretient son fiancé avec une hôtesse de bar.

C’est dans un Tokyo tourné vers la modernité que le poids de la famille et des traditions se fait paradoxalement sentir. Derrière la façade vitrée d’un grand hôtel, un repas de fête est l’occasion pour la famille d’Hanako de décider du mariage arrangé de la jeune femme. Alors que les aïeules portent le costume traditionnel, la timide et oisive jeune femme est vêtue à l’occidental: le poids de la famille et la fracture générationnelle sont d’emblée évoqués dès la scène d’ouverture d’Aristocrats, le troisième film de la réalisatrice Yukiko Sode.

Car il est bien question de cellule familiale dans ce beau film-puzzle étalé sur une dizaine d’années et situé dans les beaux quartiers de la capitale japonaise. Un crochet dans un ville de province inscrit l’origine sociale de Miki (Kiko Mizuhara), dernière pièce du trio des jeunes trentenaires. Joliment et sobrement filmé, Aristocrats – un titre trompeur – est davantage le portrait de jeunes gens écrasés par leurs classes et désireux de s’en affranchir, plutôt qu’une étude du milieu aristocratique.

Yukiko Sode suit subtilement le chemin libérateur de ces deux femmes en quête d’émancipation, interprétées avec sensibilité par Mugi Kadowaki et Kiko Mizuhara.