Surveillante dans un centre pénitencier, Melissa (Hafsia Herzi) est mutée à l’unité 2 de la prison de Borgo en Corse. Fonctionnant en régime ouvert, ce quartier n’accueille que des détenus insulaires. La jeune trentenaire, mère de famille, se retrouve au cœur d’un règlement de compte entre clans rivaux.

Brillant polar carcéral, Borgo suit l’engrenage fatal dans lequel tombe Melissa. Fraîchement débarquée de la région parisienne et de la prison de Fleury, la jeune femme mariée à Djibril (Moussa Mansaly) envisage un nouveau départ professionnel et familial. Pourtant respectée pour sa distance avec les détenus et son caractère très affirmée, la matonne franchit la ligne rouge en livrant des informations à Saveriu (Louis Memmi), membre d’une bande mafieuse.

Adapté d’un authentique fait divers et filmé comme un puzzle dramatique reconstitué petit à petit par le flegmatique commissaire joué par un Michel Fau dans un contre-emploi, Stéphane Demoustier construit son récit avec ces deux histoires parallèles qui, in fine, se rejoidront. Auréolé du Prix du Jury de Reims Polar 2024, Borgo nous immerge dans le huis-clos fascinant de la prison où, selon la directrice du centre (Florence Loiret-Caille), « ce sont les prisonniers qui surveillent les gardiens ». Mais on voyage également avec Melissa hors les murs, dans son appartement familial comme sur la côte de Sagone, dans ses paillotes et sur les plages.

Bénéficiant d’un montage impeccable et d’une fine réalisation, le très réaliste Borgo bénéficie en plus d’un casting parfait mené par l’incroyable et toujours surprenante Hafsia Herzi, récemment vue dans Le Ravissement (Iris Kaltenback, 2023). On ne dira jamais assez qu’elle grande comédienne elle est. Stéphane Demoustier a utilisé la musique du grand Philippe Sarde pour assoir la tension dramatique de cet excellent film qui, en plus de brosser le portrait du banditisme corse, revient sur la figure énigmatique et les motivations de son personnage principal.