Deux demi-frères, Guillaume (Arieh Worthalter) et Armand (Achille Reggiani), héritent du bowling de leur défunt père, personnage charismatique et chasseur. Alors que Guillaume, le fils préféré, est promu au sein de la police, Armand le marginal s’enfonce dans la violence meurtrière.
Tragédie grecque avec en point d’orgue la lutte à mort entre les deux frères – l’un légitime, l’autre bâtard – Bowling Saturne, la nouvelle œuvre de la réalisatrice de Saint-Cyr (2000) et Sport de filles (2012), surprend le spectateur par sa profonde noirceur. Avec certaines scènes d’une violence sidérante et insoutenable, la cinéaste suit la descente aux enfers d’Armand, soudainement immergé dans l’antre animale de son père. Autour du bowling dont il assure la gérance, Armand a prit possession de l’appartement paternel, un père invisible à l’écran mais dont la part la plus noire se retrouve chez ce fils illégitime, forcé d’accueillir dans le bowling les réunions de chasseurs, véritable confrérie à laquelle le paternel appartenait.
Ce fils renié est interprété par Achille Reggiani, le propre fils de la réalisatrice, qui est la vraie révélation de ce drame. Avec son regard inquiétant et son corps massif, l’ancien lutteur devenu acteur interprète brillamment un homme frustré dont les pulsions morbides se réveillent avec les femmes. Face à lui, l’excellent Arieh Worthalter, découvert dans Girl (2018) de Lukas Dhont et Sympathie pour le diable (2019) de Guillaume de Fontenay, incarne la part coupable de la fratrie. Le casting est complétée par l’excellent Frédéric Van Den Driessche et les actrices Y-Lan Lucas, Léïla Muse et Lou Gala.
Avec son élégante mise en scène, accompagnée de la bande originale de Wyatt E., Patricia Mazuy réussit un brillant film noir.
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