Il flotte dans le nouvel opus du cinéaste Luca Guadagnino comme une réminiscence des chroniques italiennes du cinéma des années 1960 et 1970. Une grande maison à la campagne où se trament des sentiments amoureux est l’objet de ce beau film mis en scène par celui qui nous avait touché avec « Amore« , sorti en 2009.

Nous sommes en 1983 dans la maison de vacances des Perlman, des intellectuels américains, aux racines françaises et italiennes. Elio, fils unique de cette famille bourgeoise, passe son été à lire, à se baigner et à flirter sans grande conviction avec Marzia (lEsther Garrel, au jeu intense).

L’adolescent de 17 ans est néanmoins troublé par l’arrivée d’Oliver, un étudiant américain qui prépare sa thèse avec le père d’Elio, professeur émerite, et qui séjourne parmi la famille.

Nettement plus âgé que l’adolescent, l’homme incarne la virilité des statues greco-romaines qui sont justement le sujet d’études d’Oliver et du professeur Perlman. Une fascination doublée d’un désir va naître chez l’adolescent, sous le regard attendri de parents compréhensifs et sensibles, excellement interprétés par Amira Casar et Michael Stuhlbarg.

Dans la demeure familiale du XVIIème siècle, dans les ruelles de la cité lombarde de Crema ou à Bergame, dans les rivières ou sur les bords du lac de Guarde, Elio et Oliver se séduisent, s’attirent et se repoussent. Plus qu’un amour de vacances, c’est un souffle de liberté et de découvertes sensuelles qui inondent les deux protagonistes. C’est surtout une initiation sexuelle déterminante pour le jeune Elio.

Deux acteurs magnifiques incarnent le duo amoureux: Armie Hammer et l’étonnant Timothée Chalamet dont on va certainement reparler tant la maturité du jeu est surprenante. Luca Guadagnino et son scénariste le réalisateur James Ivory évoquent la difficulté de vivre son homosexualité à l’heure du passage à l’âge adulte.

Malgré un final un peu trop moraliste, en particulier avec le discours final du père, « Call me by your name » par son ambiance et sa maîtrise rappelle les films de Luchino Visconti, notamment avec « Sandra » pour l’homosexualité naissante ou bien Vittorio de Sica avec le « Jardin des Finzi-Contini » pour la judaïté évoquée.