Après le magnifique Girl (2018), le cinéaste belge Lukas Dhont revient sur les écrans après un détour au dernier Festival de Cannes où Close a obtenu le prestigieux Grand Prix. Avec sa nouvelle réalisation, inspirée d’une histoire semi-autobiographique, le réalisateur trentenaire filme la très forte amitié entre deux adolescents de 13 ans, Léo (Eden Dambrine) et le sensible Rémi (Gustav De Waele). Ce lien profond et amoureux est brutalement dénoué lorsque les deux garçons doivent faire face aux regards des élèves du collège où on les soupçonne « d’être ensemble ».

Lukas Dhont a construit son film en deux parties, séparées par un malheureux drame : l’amitié extraordinaire entre les deux garçons, puis la difficile absence de l’être parti. On pourra reprocher, à juste titre, une réalisation un peu trop maniériste de la part du cinéaste. Mais la façon dont il aborde avec une grande sensibilité et pudeur cette histoire balaye la forme esthétisante. Le cheminement des deux garçons dans cette amitié particulière, pour reprendre le titre d’un film de 1964 tourné par Jean Delannoy d’après le roman de Roger Peyrefitte, est finement amené, jusqu’au sentiment de honte pour l’un, et d’incompréhension et sidération pour l’autre.

La vie sans l’autre est l’autre grand thème de ce beau et poignant film où excellent Emilie Dequenne et Léa Drucker. Les deux jeunes comédiens sont surprenants de vérité: Eden Dambrine qui joue le jeune Léo au visage d’ange est contre toute attente le plus dur des deux garçons. Gustav De Waele, dans le rôle de Rémi, est une poignante révélation.