« Ton rôle consiste à représenter – c’est pour cela que je t’ai choisie, c’est pour cela que tu es là » lance l’Empereur François-Joseph Ier (Florian Teichtmeister) à sa femme Élisabeth d’Autriche. Cette dernière, qui vient de fêter son quarantième anniversaire en cette année 1878, peine à jouer ce rôle de Première dame. Engoncée dans son corset qui lui comprime le corps, obsédée par sa ligne et tombant dans l’anorexie, Élisabeth décide de se libérer.
Reprenant le rôle de Romy Schneider dans la trilogie Sissi (1955, 1956 et 1957) réalisée par Ernst Marischka, l’actrice Vicky Krieps détonne dans ce Corsage que met en scène la cinéaste autrichienne Marie Kreutzer. A des années-lumière du mythique film à l’eau de rose, Élisabeth de Wittelsbach est ici une femme frustrée, aspirant à une vie intellectuelle et de plaisirs et s’engageant dans le soutien aux femmes. L’actrice luxembourgeoise, qu’on a vu dernièrement dans Bergman island (2021), s’est pleinement engagée dans ce personnage iconoclaste et avant-gardiste puisqu’elle est à l’initiative du projet qu’elle a coproduit.
Offrant une palette d’humeurs – tantôt mélancolique, tantôt exaltée et passionnée -, Vicky Krieps est une Sissi magistrale étouffant dans des palais froids ou délabrés en refusant l’image qu’on veut d’elle. Les quelques baignades dans le lac avec son cousin Louis II de Bavière (Manuel Rubey) ou les échappées à cheval avec un beau comte anglais (Colin Morgan) lui offriront les nécessaires bouffées de liberté qui lui feront aimer la vie. Avec un surprenant choix des décors et une bande son électrique composée par la chanteuse Camille, Corsage assume ses anachronismes qui parviennent avec finesse à rapprocher son héroïne des femmes d’aujourd’hui.
Marie Kreutzer et Vicky Krieps ont réussi une œuvre étonnante, sincère et combative.
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