Quand Celestina débarque un beau matin à Rome, l’avenir semble lui promettre une vie nouvelle. Comme ses frères, la jeune paysanne à la beauté irradiante a du quitter son village de montagne en quête d’un travail. Il faut dire qu’en ces années d’après-guerre, la besogne ne manque pas dans la capitale en plein essor économique. Ainsi, « la montagnarde » se place facilement au service de familles bourgeoises, aristocrates ou commerçantes. Tombée sous le charme du plombier Fernando, Celestina va faire l’apprentissage d’un amour douloureux. Et accepter l’impossible extraction sociale tant désirée: le prolétariat ne sera jamais l’aristocratie.
Réalisé en 1953 et premier long-métrage d’Antonio Pietrangeli, Du soleil plein les yeux pose un regard moderne et féministe sur l’Italie des années 50. Refusant l’esthétisme formel malgré un beau noir et blanc, l’ancien scénariste de Roberto Rossellini et Luigi Comencini suit la grandeur et la misère des femmes qui, quelque soient leurs conditions, tombent sous la coupe des hommes. Si la naïve domestique succombe aux promesses du veule Fernando, les femmes italiennes ne peuvent quant à elles jouir d’une totale indépendance sans un lien marital.
Visage d’ange pour une brune piquante, Celestina est incarnée par Irène Galter, une actrice de 22 ans qui en a aujourd’hui 85 et qui a peu tourné: une dizaine de films seulement. Son destin ressemble à celui d’une autre belle brune, la française Jacqueline Sassard dont la carrière s’est arrêtée nette après son mariage avec un industriel.
C’est Gabriele Ferzetti qui prête sa belle gueule et sa carrure d’athlète à l’ouvrier zingueur Fernando. Entre comédie et mélodrame, le film de Pietrangeli revient à l’affiche sur grand écran: l’occasion de découvrir une œuvre militante et lucide, d’une grande modernité malgré ses soixante ans!
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