Dans la forêt amazonienne, le botaniste américain Richard Evans Schultes part à la recherche d’une plante possédant la vertu d’apprendre à rêver. Il est accompagné d’un vieux chaman, unique descendant d’une peuplade disparue qui semble avoir perdu ses souvenirs. Quelques années plus tôt, le sage avait déjà guidé l’ethnologue allemand Theodor Koch-Grünberg au cours d’une dangereuse expédition.

Filmé dans un beau noir et blanc, le film du cinéaste colombien Ciro Guerra est une magnifique ode à la beauté de la nature et à l’harmonie du monde. Il dénonce l’empreinte de l’homme occidental qui a réduit en cendres, à coup de missionnaires religieux et d’exploitation de la nature, ce peuple ancestral de la forêt.

Voyage initiatique que devront accomplir les protagonistes ainsi que le spectateur, « L’Étreinte du serpent » est aussi un film de partage et de contemplation du monde. Il faut se laisser happer par cette oeuvre peu confortable de prime abord. Une fois les épreuves passées par les héros à quarante ans d’intervalles, Ciro Guerra nous emmène dépouillé de réflexes intelligibles vers un monde de beauté (époustouflantes montagnes colombiennes) et de sagesse, accompagné par l’envoûtante partition jolie partition de Nascuy Linares.

On peut penser au film portugais « Tabou » de Miguel Gomes pour la lenteur et l’originalité du récit. Le film de Ciro Guerra possède cependant une dimension universelle et poétique rarement présentée au cinéma. Un film à découvrir et à méditer.