Voici un film biographique qui s’en sort très bien, comparé aux biopics classiques qui rivalisent d’authenticité et de mimétisme. Joann Sfar, qui vient du monde de la bande-dessinée et qui en fait grandement bénéficier son film, a imaginé son personnage gainsbourien à lui. Le réalisateur a conté son récit en mettant l’accent sur l’enfance de Lucien Ginzburg, en évoquant ses émois, ses douleurs, ses peurs dans un Paris occupé.

Le parti-pris d’un double du héros, surnommée « La Gueule », est une des trouvailles du film. Joann Sfar, habilement, n’a pas alourdi son film d’une bande son rétrospective de l’œuvre de Gainsbourg mais a fait réorchestrer ses chansons, ce qui personnalise le film et en fait son originalité. Mais le film atteint ses limites lorsque Gainsbourg devient Gainsbarre: le metteur en scène peine à retrouver son originalité et le film s’essouffle. Les personnages des parents en font des tonnes; Anna Mouglalis en Juliette Greco est décevante. Au contraire, la composition d’Eric Elmosnino est surprenante, sans jamais caricaturer le grand Serge. Laetitia Casta confirme ses choix artistiques et nous livre une Brigitte Bardot plus vraie que nature.