1941. En partance pour le front russe, un soldat italien pense à sa bien-aimée et se rappelle la douleur de sa précédente expérience de guerre en Ethiopie. Dans le train qui se dirige vers les plaines ukrainiennes, le soldat filme les paysages qui défilent et les compagnons en uniforme qui sourient avant le feu fatal.
Ce voyage vers l’Est que nous propose le duo de réalisateurs Federico Ferrone et Michele Manzolini est quasi exclusivement constitué de stupéfiantes images d’archives provenant de films amateurs d’une demi-douzaine de soldats italiens. On y découvre des vues d’un romantisme rare d’une époque révolue: trains à vapeurs, routes caillouteuses, maisons de pierres, églises en bois… On y suit également les traumas du soldat en Afrique lors d’une précédente mission ainsi que les douces évocations – poignantes – de son amour restée au pays.
Avec un procédé qui a été en partie utilisé dans le film de Didier Feldmann Chroniques de la Volga (2021) ce faux documentaire réussit, grâce à un matériau d’images amateurs et une voix-off emprunt de nostalgie, à rendre poétique une épopée où les humains sont déjà presque des fantômes. Malgré une musique omniprésente qui alourdit cette expérience cinématographique, Il Varco (Le Passage) est une passionnante mise en abyme d’un homme face à la mort.
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