A Versailles, l’irrésistible ascension de Jeanne Gomard de Vaubernier (Maïwenn), jeune femme roturière devenue comtesse du Barry et favorite du roi Louis XV (Johnny Depp).

Pour son nouveau film, la réalisatrice de Polisse (2011) s’essaie au film en costumes en suivant le destin de Madame du Barry, célèbre courtisane qui intègre la vie de la Cour en utilisant ses charmes, son culot et son esprit. Honnie de l’aristocratie, jalousée de la famille royale, celle qu’on appelle « la Créature » apporte un nouveau souffle au Roi, veuf de Marie Leczinska.

La tempétueuse Maïwenn réussit son pari en privilégiant le récit romanesque sur le transfuge de classe décomplexé de son héroïne, qu’elle interprète brillamment, et sur l’histoire d’amour avec un Roi apathique qui reprend vie. Tourné principalement à Versailles, la talentueuse cinéaste offre un vrai film populaire qui décrit de façon sarcastique les usages de la Cour et des puissants ainsi que l’entourage du Roi. Si Maïwenn revendique une vision d’aujourd’hui sur un monde d’hier, c’est pour mieux parler de la difficile ascension des classes les plus modestes, notamment dans le milieu du cinéma, quitte à distiller une part autobiographique à sa Jeanne du Barry.

La comédienne-réalisatrice s’est entourée d’une équipe de talent (costume, musique, etc.) et casting de choix: Pierre Richard étonnant en Duc de Richelieu, Benjamin Lavernhe génial en La Borde, Melvil Poupaud en Comte du Barry ou encore Pascal Greggory en Duc d’Aiguillon. Si on pense au souffle épique de certains films de Philippe de Broca, Jeanne du Barry est une œuvre moderne, superbe et désespérée qui confirme le talent d’une artiste admirable et d’une femme libre: Maïwenn.