Il est des cinéastes qu’on ne cesse de redécouvrir voire tout bonnement découvrir. Après « Les Jours Comptés » (1962 – inédit en France jusqu’en 2012), c’est au tour d’une nouvelle œuvre du cinéaste italien Elio Petri (1929-1982) de bénéficier d’une restauration impeccable et d’une sortie en salles. Ce premier film d’Elio Petri, au beau noir et blanc, a été tourné en 1961 à Rome.

Nous suivons quelques heures de la vie d’Alfredo Martelli, un antiquaire mi-dandy mi-gigolo, qui a bénéficié d’une ascension fulgurante en trompant son monde. Au cours d’une audition avec le commissaire Palambo (joué par l’acteur des « Jours Comptés » Salvo Randone), Alfredo Martelli se remémore ses premiers pas dans le mensonge et la petite escroquerie. On ne pouvait trouver meilleur acteur que Marcello Mastroianni pour incarner cet être minable et enfantin. Mastroianni inaugure ses personnages cyniques qui feront le succès des géniaux « Divorce à l’italienne » et autres « Mariage à l’italienne ».

Mais ici, comme toujours dans les films engagés d’Elio Petri, la comédie sert de prétexte pour poser la question des classes sociales: en effet, Martelli n’est pas né avec une cuillère en or dans la bouche. Petit provincial, il est chiffonnier avant d’accéder à la profession, plus noble, d’antiquaire. Ce n’est certainement pas le fruit de son travail, mais plutôt en profitant de son incroyable bagou, de son physique avantageux et surtout du système capitaliste: sa richissime maîtresse Adalgisa De Matteis, incarnée par Micheline Presle, lui ouvre les portes d’une immédiate ascension sociale.

Drôle, cynique, jubilatoire: « L’Assassin » est un savoureux film du cinéaste reconnu, auteur du magistral « Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon« .