Souleymane (Abou Sangare), la vingtaine, est livreur à vélo dans les rues de Paris. Entre ses journées de travail dans les rues de la capitale et ses nuits dans un centre social, le jeune Guinéen se prépare à demander l’asile auprès de l’administration française.
« Souleymane de Paris » comme ses collègues le surnomme, fait partie de cette force de travail invisible, pure produit de l’uberisation de notre société, qui s’est développée ces dernières années. Nouveau sous-prolétariat qui arpente les rues des grandes métropoles, ces jeunes venus du continent africain travaillent dur pour de grandes plateformes internet. Pour le jeune homme, les quelques euros récoltés lui permettront d’envoyer de l’argent à sa mère malade restée au pays.
La solidarité nationale et les associations de bénévoles permettent à Souleymane de dormir la plupart du temps dans un foyer. Si le danger est sur l’asphalte parisienne avec son intense circulation, il est aussi chez les nouveaux exploiteurs qui usent et abusent de sa crédulité, parmi lesquels Barry (Alpha Oumar Sow) et Emmanuel (Emmanuel Yovanie) lui soutirant de l’argent contre un récit à raconter à l’OFPRA pour l’un et la sous-location de son compte de livreur pour l’autre.
Auteur du remarquable Camille (2019), Boris Lojkine suit à la trace son héros magnifique, victime de l’ultralibéralisme et des nouveaux usages de la consommation. Le cinéaste s’inspire de Jean-Pierre et Luc Dardenne dans la façon d’envisager le récit d’un laissé-pour-compte, sans fioritures ni pathos. Si ces 48 heures de la vie de Souleymane sont riches en rebondissements et déconvenues, une lueur semble poindre: l’espoir.
Œuvre digne et puissante, L’Histoire de Souleymane révèle l’extraordinaire Abou Sangare dont le parcours personnel rejoint celui de son personnage. La dernière scène, également magnifiquement interprétée par Nina Meurisse, est bouleversante.
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