C’est un homme qui achète une cave et qui y vit. Cet homme – Jacques Fonzic (François Cluzet) – y rumine ses aigreurs et ses idées négationnistes. Terré au sous-sol de l’immeuble dans lequel Simon et Hélène Sandberg (Jérémie Renier et Bérénice Bejo) vivent – ils sont aussi les vendeurs du bien – l’infréquentable bonhomme menace l’équilibre fragile de l’immeuble. Et de la petite famille.

Dix ans après les hauteurs lumineuses et joyeuses des Femmes du 6è étage (2011) Philippe Le Guay explore la part monstrueuse et cachée de l’Humanité dans les sous-sols d’un immeuble parisien. Incarné par un François Cluzet magistral, la « bête immonde » se cache sous les traits d’un ordinaire professeur d’histoire, doux comme un agneau et in fine assez pitoyable. De quoi séduire la fille adolescente du couple, Justine (Victoria Eber), ainsi que quelques voisins de l’immeuble.

Le cinéaste propose une très intéressante étude de notre société et de son rapport à l’Histoire et en particulier à la banalisation de l’antisémitisme. Mais le jeu poussif des acteurs secondaires (les avocats, la mère, le frère, etc.) et un certain nombre de maladresses – le film oscille entre thriller et étude sociologique sans vraiment choisir – plombent quelque peu le récit pourtant passionnant et original de L’Homme de la cave. Signe malheureux des temps, le néanmoins nécessaire film de Philippe Le Guay essuie un échec public dans les salles de cinéma: une réflexion sur l’antisémitisme menaçant et contaminant n’intéresse donc plus personne?

L'Homme de la cave de Philippe Le Guay