A la fin du siècle dernier, John (Tom Mercier) et May (Anaïs Demoustier) se rencontrent dans une boîte de nuit. Beau ténébreux, John attend l’événement extraordinaire qui, dit-il, changera toute sa vie. May décide d’attendre cette « chose » avec lui. Ils se croiseront ainsi toutes les semaines, durant vingt-cinq ans, sur les musiques et devant les événements qui traverseront le passage d’un siècle à l’autre.

Réalisateur de fictions et documentaires, Patric Chiha revient avec l’ambitieux projet d’adapter une nouvelle d’Henry James parue en 1903 qu’il transpose à la fin des années 1970, sur plus de deux décennies. Le récit met en scène deux jeunes gens, John et May, qui, malgré l’avenir qui s’ouvre à eux, passent à côté du temps présent pour vivre les incertains rêves et fantasmes à venir. Mythe tragique illuminé par deux acteurs à la jeunesse irradiante – Tom Mercier vu dans Ma nuit (Antoinette Boulat, 2022) et l’irrésistible Anaïs Demoustier -, La Bête dans la jungle est un beau conte philosophique empli de mystères dont l’heureuse proposition est de ne jamais définir cette « bête » fantasmée: est-ce l’amour pur? ou bien l’amour charnel? Ou finalement un bonheur absolu et transcendantal?

Si le propos mélancolique et désespéré – les années SIDA, les attentats du 11 septembre 2001 – peut noyer La Bête dans la jungle dans le désespoir, les musiques électroniques de Yelli Yelli, Florent Charissoux et Dino Spiluttini ainsi que les corps dansants de la jeunesse insouciante insufflent des bribes de vies et d’espoirs dans cette œuvre expérimentale. Les scènes de boîtes de nuit ont été tournées dans une ancienne salle de cinéma de Bruxelles, le Mirano.