Jenny Davin (Adèle Haenel) est une jeune médecin à Seraing, une bourgade dans la province de Liège. Cette femme au caractère intransigeant prodigue ses soins à des patients pour la plupart vivant dans une grande misère sociale. Alors, qu’elle s’apprête à rejoindre un cabinet médical plus cossu, elle est confrontée à un sentiment de culpabilité: la fille à qui elle n’a pas ouvert la porte de son cabinet un soir après la fermeture a été retrouvée morte le lendemain.
Le duo des frères cinéastes, chouchous du Festival de Cannes, revient à l’affiche avec un film âpre et sec. Partant d’une trame classique d’un fait divers, les Dardenne imaginent une enquête policière qui mène à l’introspection de leur jeune héroïne. Cette femme rigide, incarnée par une Adèle Haenel au sourire rare, n’aura de cesse d’éprouver une obsédante culpabilité. Peu aimable et encore moins aimante, entièrement dévouée à ses patients, la mort de la fille dont on ignore le nom va résolument changer son rapport avec l’autre.
Ceux – c’est notre cas – qui ont pu être échaudés par leur denier film « Deux jours, une nuit » vont retrouver avec ce nouvel opus un processus moins artificiel et plus authentique. Mais l’intensité et la grâce, qui illuminaient nombre de leurs films comme « Le Fils » ou « L’Enfant » , n’atteignent pas leur paroxysme avec « La Fille inconnue ». La force de la suggestion, marque de fabrique des Dardenne, est un peu délaissée au profit de longueurs et de plans peu nécessaires.
Film d’une actualité brûlante, celle des migrants « sans nom » qui débarquent sur les rives de l’Europe, « La Fille inconnue » reste ce un cri poignant pour tous ceux dont l’identité et l’être disparaissent dans les limbes de la misère sociale.
Adèle Haenel, dont on se sait rien de son personnage, traverse le film tel un guerrier déterminé au combat. Entourée des fidèles interprètes des réalisateurs, les excellents Fabrizio Rongione, Olivier Gourmet et Jérémie Renier, elle évolue comme une sainte illuminée par sa mission rédemptrice.
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